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Marseille
 

Les rencontres de la Mémoire Junior à Vienne

mardi 7 novembre 2017, par CAUSSE, Webmestre Victor Hugo

« Un être humain peut-il être illégal ?! »
Ce fut une des questions que se posèrent les lycéens du Relais de la Mémoire Junior réunis du 18 au 22 octobre 2017 dans deux lycées de Vienne en Autriche. Cette année, le thème « Migrations et déplacements en temps de guerre et de crise » sert de fil conducteur pour les débats.

« Un être humain peut-il être illégal ? »

Les 60 Juniors venus de Norden (Allemagne), de Newcastle (Angleterre), de Paris, Marseille (lycées Denis Diderot, Marseilleyvere et Victor Hugo) et de Vienne, ont visité les lieux de Mémoire de la Seconde Guerre mondiale dans la capitale autrichienne, et ils ont participé à des tables rondes en présence d’historiens et de témoins encore vivants de cette époque.

Ils ont pu rencontrer Madame Mélanie Berger-Volle , aujourd’hui âgée de 96 ans, juive et résistante autrichienne alors qu’elle n’avait que 16 ans, arrêtée en France, torturée et emprisonnée à la prison des Baumettes à Marseille. « Il n’est jamais facile de quitter sa terre natale. Après l’annexion de l’Autriche par Hitler, je suis partie pour faire quelque chose, pas pour fuir mon pays. D’ailleurs, j’aurais pu aller aux États-Unis mais, je n’ai pas voulu. Mon but était de libérer l’Europe d’Hitler. »

Ils ont aussi été très émus par le témoignage de Madame Lucia Heilman (aujourd’hui âgée de 88 ans) enfant autrichienne juive cachée avec sa mère par un ouvrier autrichien dans son atelier pendant plus de 4 ans, et ainsi sauvée alors que toute sa famille a été assassinée dans les camps nazis.

Avec les récits d’enfance de Madame Katja Sturm-Schnabel , universitaire autrichienne de famille slovène, ils ont découvert la persécution des minorités slovènes dans le sud de l’Autriche, déportées et assassinées dans des camps de travail du Reich.

Ils ont aussi assisté à la conférence de l’historien autrichien Heiko Heinisch où il analysait les conséquences politiques et sociales de l’accueil des migrants dans la société autrichienne aujourd’hui, à l’heure de la montée de gouvernements et de partis populistes et d’extrême droite en Europe. L’historien a alerté les Juniors sur l’expression des opinions "facilitée" par les réseaux sociaux. En effet, les réseaux sociaux permettent d’éliminer d’un seul clic, facilement et rapidement, toute personne ayant des opinions différentes de la sienne. Chaque utilisateur se retrouve alors enfermé dans une « bulle d’opinion », une sphère d’opinions conformes à son propre camp, et il a ainsi tendance à se radicaliser. Caisse de résonance amplificatrice de ses propres opinions, les réseaux sociaux ne permettent pas un débat mêlant des opinions réellement divergentes. Or, l’essence de la démocratie est précisément la mise en débat, la dispute des idées, amenant à trouver des solutions de compromis. Les réseaux sociaux aboutiraient au contraire à retirer les individus d’un véritable débat d’opinions et réduiraient l’échange des idées nécessaires au bon fonctionnement de la démocratie.

Plusieurs élèves ont aussi participé à une table ronde particulièrement émouvante de l’ONG Médecins Sans Frontière rapportant les conditions actuelles d’accueil des réfugiés syriens au Liban. Les Juniors ont réalisé l’écart entre leurs représentations sur les réfugiés et la réalité des souffrances et des besoins de ces familles. Ils se sont ensuite demandés comment faire évoluer les préjugés dans leur lycée, notamment en invitant des réfugiés et des membres d’ONG à prendre la parole dans leur classe.

Enfin, pendant les ateliers artistiques, un groupe d’élèves aidés par un compositeur viennois, a chanté en allemand le texte bouleversant de « La croisade des enfants » de Bertolt Bretch (1942) ; d’autres groupes ont interprété par la photographie, les arts plastiques, le théâtre ou à travers la danse leurs idées sur le thème des migrations en temps de guerre.

Les élèves du Relais publieront prochainement sur le site du lycée de petits articles pour raconter les tables rondes auxquelles ils ont participé, ainsi que leurs travaux préparatoires des rencontres à Paris (en mars 2018) sur l’arrivée des migrants arméniens à Marseille dans les années 1920, le recrutement des tirailleurs sénégalais par l’armée française pendant les deux guerres mondiales, et enfin l’exode des Rohingyas du Myanmar en 2017.

Quelques témoignages des élèves du lycée Victor Hugo :

« Ce fut un voyage merveilleux. J’en ressorts la tête pleine de souvenirs et de rencontres incroyables ! » Barbara (1ES)

« Grâce au Relais de la Mémoire, j’ai découvert la beauté monumentale de Vienne, l’accueil charmant de ma famille viennoise et j’ai pu rencontrer des personnes exceptionnelles en particulier les témoins qui m’ont personnellement fortement enrichi ». Lazare (2de12)

« Une joie immense, une expérience formidable pleine de rencontres et de découvertes ! Je rentre à Marseille enrichie de connaissances sur Vienne et avec une nouvelle vision du monde  » An-Ichat (1S)

« J’ai été touchée lorsque Jihane de Médecins Sans Frontières est venue nous parler de l’accueil des réfugiés syriens au Liban. J’ai alors compris ce que pouvaient ressentir et vivre les réfugiés » . Anissa (1S)

 
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